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On commence par la traditionnelle question du pédigrée : qui tu es, quel est ton parcours dans le monde du bodyboard, quels sont tes résultats en compétition?
Je m ’appelle Cédric Grèze, j’ai 34 ans, je vis entre Lacanau et Pessac avec une danseuse-bodyboardeuse qui s’appelle Valérie, et nous sommes les heureux parents d’un petit garçon de bientôt deux ans, Merlin.
J’ai été Champion de France de Bodyboard, j’ai fait partie de l’Equipe de France et j’ai gagné une Coupe d’Europe. Suite à ma carrière sportive, j’ai obtenu mon Brevet d’Etat pour enseigner le surf et le bodyboard dans une session de sportifs de haut-niveau dont je suis sorti major grâce à l’écriture de mon mémoire intitulé « Pédagogie du Bodyboard au niveau du perfectionnement ».
J’écris également des articles dans le Bodyboard Mag ainsi que dans le journal Sud-Ouest, et quand il me reste du temps, j’écris des nouvelles et des romans.

Cédric Grèze dispensant un cours de bodyboard

Peux tu nous présenter la bodyboard house (concept) et comment t'es venu l'idée de la monter?
La Bodyboard House est au départ la première Ecole/Club 100% Bodyboard. Je l’ai créée en 2000, au moment de la création de la marque HCL, car je pensais que le Bodyboard avait besoin d’être représenté en tant que sport à part entière, se suffisant à lui-même.
C’était un pari risqué qui nécessite sérieux et rigueur, car la Bodyboard House est avant tout une entreprise comme une autre. Etre entrepreneur individuel en France, qui plus est dans une activité saisonnière, n’est pas le métier le plus sécurisé que l’on puisse trouver. Mais j’aime cette existence où je suis pleinement responsable de ce qui m’arrive, des réussites comme des échecs.

Quelles sont les différentes formules proposées?
Nous offrons différents types de prestation, du simple cours de 2H, au stage à la semaine avec hébergement en pension complète, pour les adultes et les mineurs, en passant par notre séjour au Maroc et notre formule d’entraînement hebdomadaire à l’année.
Nous nous distinguons avant tout par notre capacité à installer avec nos élèves un suivi pédagogique sur la durée, car ce qui m’intéresse avant tout dans ce métier c’est la relation pédagogique qui s’installe avec les élèves pour optimiser leur niveau de performance, en fonction du profil et de la demande de chacun.

Jeunes élèves bodyboard house entourant Cédric Grèze

Après 10 années d'activité, est ce que l'on peut faire un bilan de ton activité? Et si c'était à refaire?
J’ai une philosophie qui consiste à croire que ce qui nous arrive dans la vie est nécessaire, que notre vécu a pour fonction de nous faire évoluer, que tous les moments de notre existence, les bons comme les moins bons, font pleinement partie de notre histoire, de notre « légende », de notre mythe personnel.
Donc si c’était à refaire, je n’y changerais pas une virgule. Le meilleur bilan que je peux présenter est que la BBH fêtera ses 10 ans en 2010, qu’elle a tenu bon dans un contexte économique qui n’est pas facile, avec une donnée de départ, le 100% Bodyboard, qui vous confine dans une niche, et que grâce à cette école, je vis de ma passion pour l’océan tout en ayant la chance d’avoir du temps pour voir grandir mon fils.

Les années compétitions sont loin maintenant et j'imagine que ce qui te pousse à avancer à l'heure actuelle n'est ce qui t'as guidé lors du lancement de ton activité. Qu'est ce qui te motive maintenant pour continuer dans ta voie?
Quand j’ai monté la Bodyboard House en 2000, en quittant un poste salarié plus sécurisé, je l’ai fait parce que j’avais l’impression que j’avais une pédagogie à défendre. C’est toujours ce que je pense aujourd’hui, sauf que j’ai 10 ans d’expérience en plus et des centaines d’heures passées sur la plage et dans l’eau à encadrer des centaines de rideurs.
J’aime mon métier. J’aime être sur la plage et j’aime aussi être dans mon bureau à administrer mon entreprise et à manager une petite équipe. Ce qui me motive, c’est aussi de me diversifier et de faire évoluer la structure, de passer du 100% Bodyboard à une vision plus complète et plus globale de la glisse sur vague.
Et puis, il y a une stimulation permanente à gérer sa propre structure, à faire face aux défis quotidiens, aux crises économiques et aux fluctuations de toutes sortes.
Tu dois être au four et aux moulins, faire plusieurs métiers en même temps et posséder de nombreuses casquettes, et au final, tu n’as jamais le droit de t’endormir et de te reposer sur tes lauriers.
Cela demande vigilance, conscience, constance, réactivité, des qualités que j’estime nécessaire pour mener une « vie bonne » pour parler comme les philosophes grecs. Et tout cela me plaît.

Au début la Bodyboard House, c'était 100% bodyboard. Maintenant, on voit apparaître bodysurf, surf, compétitions. L'heure de la maturité, de la diversité?
J’ai toujours considéré qu’un glisseur complet, qu’un waterman devait pratiquer plusieurs disciplines et c’est mon cas depuis très longtemps. La plupart des bons bodyboardeurs sont aussi de bons surfeurs, et la plupart font aussi du Bodysurf à l’occasion.
J’ai commencé cette aventure par du 100% Bodyboard, car je voulais affirmer l’identité Bodyboard, il me semblait que c’était historiquement nécessaire vis-à-vis du public. Et puis le Bodyboard est mon sport de départ, c’est celui où mon expérience est la plus grande, et mes compétences les plus affûtées.
Il était important pour moi de développer et d’asseoir les bases de ma pédagogie par le sport par lequel j’ai appris à aller à la rencontre de l’Océan. A partir de cette base que je crois désormais solide, je veux aller vers une vision de la glisse sur vague plus conforme à ce que j’ai toujours pensé : la complémentarité des différentes disciplines.
Ce qui compte, ce n’est pas le support, c’est la vague, c’est l’Océan. Et diversifier sa pratique, faire du Bodyboard, du Bodysurf, du Surf, varier les sessions et les plaisirs, c’est la meilleure manière de devenir un bon marin, un « waterman ».
A mes yeux, la glisse de demain est là. On pourrait même imaginer, pourquoi pas, des compétitions où les riders seraient jugés sur les différentes disciplines.

Si on revenait sur l'activité principale : les stages et les cours, peux tu nous expliquer pourquoi il est nécessaire, pour toi, de prendre des cours?
La première raison de prendre des cours pour un non-initié est sa mise en sécurité. Dans certaines conditions, rentrer dans l’eau sans expérience et sans prof, c’est comme faire du hors piste en haute montagne sans connaître et sans être accompagné.
D’ailleurs, il est fréquent que des gens se mettent en danger. Avant d’espérer devenir un technicien, il faut déjà connaître l’Océan, ses dangers, le fonctionnement de ses courants, des marées, etc. La première fonction d’un entraîneur est de transmettre cette connaissance-là et cette expérience du milieu marin.
Pour le reste, apprendre le Bodyboard ou le Surf, c’est comme apprendre un autre sport : être encadré par un entraîneur te fait toujours progresser plus vite, car il t’apporte son œil extérieur, son expérience et sa connaissance du sport.
Et puis, une relation à un entraîneur est une relation humaine unique, surtout pour les jeunes, qui bien souvent te conduit plus loin que le sport lui-même. Ce qui m’intéresse avant tout dans la pratique sportive, c’est ce que celle-ci peut t’apporter sur le plan humain, sur comment elle peut te faire évoluer dans ton existence.

Quels sont tes projets pour la suite?
Comme je te le disais plus haut, faire de la Bodyboard House une structure qui, à partir de son identité de départ, mette en avant la complémentarité des principales disciplines de glisse sur vague.
D’un point de vue plus personnel, j’aimerais pouvoir me dégager plus de temps pour mes projets d’écriture personnelle.

Je te laisse le mot de la fin, si tu as quelque chose à ajouter ;-)
Le monde est ce que nous en faisons.

Bodyboard House école 100% bodyboard

Bodyboard Land -- 2008


Portrait
  • HCL - Bodyboard House
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  • El rollo - Cédric Grèze
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  • Démonstration coach bodyboard house
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